Chapitre 6. Meilleurs pratiques d'empaquetage

Table des matières

6.1. Meilleures pratiques pour debian/rules
6.1.1. Scripts d'assistance
6.1.2. Séparation des correctifs (« patches ») en plusieurs fichiers
6.1.3. Paquets binaires multiples
6.2. Meilleures pratiques pour debian/control
6.2.1. Conseils généraux pour les descriptions de paquets
6.2.2. Résumé, ou description courte, d'un paquet
6.2.3. Description longue
6.2.4. Page d'accueil amont
6.2.5. Emplacement du système de gestion de versions
6.3. Meilleures pratiques pour debian/changelog
6.3.1. Entrées de journalisation utiles
6.3.2. Idées reçues sur les entrées de journalisation
6.3.3. Erreurs usuelles dans les entrées de journalisation
6.3.4. Complément des journaux de modifications dans les fichiers NEWS.Debian
6.4. Meilleures pratiques pour les scripts du responsable
6.5. Gestion de la configuration avec debconf
6.5.1. Proscrire les abus de debconf
6.5.2. Recommandations générales pour les auteurs et les traducteurs
6.5.3. Définition des champs de modèles (« templates »).
6.5.4. Guide de style spécifique à certains modèles
6.6. Internationalisation
6.6.1. Gestion des traductions debconf
6.6.2. Documentation internationalisée
6.7. Situations courantes de gestion de paquets
6.7.1. Paquets utilisant autoconf ou automake
6.7.2. Bibliothèques
6.7.3. Documentation
6.7.4. Catégories particulières de paquets
6.7.5. Données indépendantes de l'architecture
6.7.6. Besoin de paramètres régionaux spécifiques lors de la construction
6.7.7. Paquets de transition conformes à deborphan
6.7.8. Meilleures pratiques pour les fichiers .orig.tar.{gz,bz2,lzma}
6.7.9. Meilleures pratiques pour les paquets de débogage

La qualité de Debian est largement due à la Charte Debian qui définit explicitement les exigences de base que tous les paquets Debian doivent satisfaire. Cependant, il existe également une expérience générale partagée qui va bien au delà de la Charte Debian et constitue une somme d'années d'expérience dans l'empaquetage. De nombreux contributeurs talentueux ont créé d'excellents outils qui peuvent vous aider, en tant que mainteneur Debian, à créer et maintenir des paquets d'excellente qualité.

Ce chapitre rassemble les meilleures pratiques pour les responsables Debian. La majorité de son contenu est constitué de recommandations plus que d'obligations. Il s'agit essentiellement d'informations subjectives, d'avis et de pointeurs, rassemblés par les développeurs Debian. Il est conseillé d'y choisir ce qui vous convient le mieux.

6.1. Meilleures pratiques pour debian/rules

Les recommandations qui suivent s'appliquent au fichier debian/rules. Comme ce fichier contrôle le processus de construction des paquets et fait le choix des fichiers qui entreront dans ce paquet (directement ou indirectement), il s'agit du fichier dont les responsables s'occupent généralement le plus.

6.1.1. Scripts d'assistance

La motivation pour utiliser des scripts d'assistance dans debian/rules est de permettre aux mainteneurs de définir puis utiliser une logique commune pour de nombreux paquets. Si on prend par exemple l'installation d'entrées de menu, il est nécessaire de placer le fichier dans /usr/share/menu (ou /usr/lib/menu pour les fichiers de menu exécutables, si besoin), puis d'ajouter des commandes aux scripts des responsables pour ajouter ou enlever les entrées de menu. Comme cette action est commune à de très nombreux paquets, pourquoi faudrait-il que chaque responsable doivent réécrire ses propres méthodes, bogues compris ? De plus, si jamais le répertoire des menus venait à changer, chaque paquet devrait être modifié.

Les scripts d'assistance s'occupent de ce type de tâche. À condition d'être compatible avec les conventions utilisées par le script d'assistance, celui-ci s'occupe de tous les détails. Les modifications dans la Charte peuvent alors être implémentées dans le script d'assistance et les paquets n'ont plus qu'à être reconstruits sans autre modification.

Annexe A, Aperçu des outils du responsable Debian contient un certain nombre d'assistants variés. Le système le plus répandu et (de l'avis général) le plus adapté est debhelper. Des systèmes antérieurs, tels que debmake, étaient monolithiques : ils ne permettaient pas de choisir quelle partie de l'assistant serait utile, mais obligeraient à se servir de l'ensemble de l'assistant. A contrario, debhelper est constitué d'un grand nombre de petits programmes dh_* différents. Par exemple, dh_installman installe et compresse les pages de manuel, dh_installmenu installe les fichiers de menu, et ainsi de suite. En conséquence, il offre la possibilité d'utiliser certains des scripts d'assistance tout en conservant des commandes manuelles dans debian/rules.

Pour démarrer avec debhelper, il est conseillé de lire debhelper(1) et de consulter les exemples fournis avec le paquet. dh_make, fourni avec le paquet dh-make (voir Section A.3.2, « dh-make ») peut être utilisé pour convertir un paquet source originel en paquet géré par debhelper. Cette méthode rapide ne doit cependant pas se substituer à une compréhension individuelle des commandes dh_*. Si vous utilisez un assistant, vous devez prendre le temps de le connaître, pour comprendre ses besoins et son comportement.

Certains responsables pensent que l'utilisation de fichiers debian/rules sans assistants est préférable car elle évite d'avoir à apprendre les subtilité de ces systèmes d'assistance. Utiliser l'une ou l'autre méthode est entièrement à la discrétion du responsable d'un paquet qui devrait choisir la méthode qui lui convient le mieux. De nombreux exemples de fichiers debian/rules qui n'utilisent pas d'assistants sont disponibles à l'adresse http://arch.debian.org/arch/private/srivasta/.

6.1.2. Séparation des correctifs (« patches ») en plusieurs fichiers

Les paquets complexes ont souvent de nombreux bogues qui doivent être gérés par le responsable. Si certains de ces bogues sont corrigés par des modifications effectuées directement dans le code source, sans discernement, il peut devenir difficile de retrouver l'origine et la motivation de ces correctifs. Cela peut également rendre bien plus complexe l'intégration d'une nouvelle version amont qui pourrait inclure certains de ces correctifs (mais pas tous). Il est en effet alors quasiment impossible de reprendre le jeu initial de changements (par exemple dans le fichier .diff.gz) et supprimer ceux qui correspondent à des correctifs appliqués par le responsable amont.

Heureusement, avec le format source « 3.0 (quilt) », il est dorénavant possible de séparer des correctifs (« patches ») sans avoir à modifier debian/rules pour configurer un système de correctif. Les correctifs sont conservés dans debian/patches/ et, lorsque le paquet source est dépaqueté (« unpacked »), les correctifs listées dans debian/patches/series sont automatiquement appliquées. Comme le nom le suggère, les correctifs peuvent être gérés avec quilt.

Avec l'ancien format source « 1.0 », il est aussi possible de séparer les correctifs mais un système de correctif dédié doit être utilisé : les correctifs individualisés sont embarqué dans le fichier général de correctifs Debian (.diff.gz), en général à l'intérieur du répertoire debian/. La seule différence est que ces correctifs ne sont pas appliqués directement par dpkg-source mais par la règle build de debian/rules, via une dépendance à la règle patch. À l'inverse, les correctifs sont retirés par la règle clean, via une dépendance à la règle unpatch.

quilt est la méthodes recommandé pour ce besoin. Il effectue l'ensemble des actions mentionnées précédemment et offre la possibilité de gérer des ensembles de correctifs. Veuillez regarder le paquet quilt pour plus d'informations.

D'autres outils existent pour gérer les correctifs, comme dpatch, et le système de correctif intégré à cdbs.

6.1.3. Paquets binaires multiples

Un simple paquet source créera souvent plusieurs paquets binaires, soit pour fournir plusieurs variantes du même logiciels (par exemple le paquet source vim) ou pour répartir les fichiers en plusieurs paquets plus petits au lieu d'un seul paquet monolithique (ce qui peut permettre à un utilisateur de n'installer que les éléments nécessaires et donc préserver l'espace disque).

Le second cas est simple à gérer dans le fichier debian/rules. Il suffit de déplacer les fichiers nécessaires depuis le répertoire de construction vers l'arborescence temporaire du paquet. Cela peut se faire avec les commandes install ou dh_install du paquet debhelper. Veillez alors à contrôler les différentes permutations des paquets, afin de pouvoir indiquer les dépendances inter-paquets appropriées dans debian/control.

Le premier cas est plus délicat à gérer car il implique des recompilations multiples du même logiciel avec différentes options de configuration. Le paquet source vim en est un exemple, l'ensemble des actions dans le fichier debian/rules étant géré manuellement.

6.2. Meilleures pratiques pour debian/control

Les conseils qui suivent sont destinés au fichier debian/control. Ils complètent la Charte Debian concernant les descriptions de paquets.

La description d'un paquet telle que définie par le champ correspondant du fichier control, comprend à la fois le résumé et la description longue du paquet. Section 6.2.1, « Conseils généraux pour les descriptions de paquets » donne des indications communes à ces deux parties, Section 6.2.2, « Résumé, ou description courte, d'un paquet » donne des indications spécifiques pour le résumé et Section 6.2.3, « Description longue » donne des indications pour la description.

6.2.1. Conseils généraux pour les descriptions de paquets

La description d'un paquet doit être écrite pour son utilisateur moyen, c'est à dire la personne qui utilisera et tirera profit du paquet. Par exemple, les paquets de développement sont destinés aux développeurs et leur description peut comporter des détails techniques alors que les applications d'usage plus général, tels que les éditeurs, doivent avoir une description accessible à tout utilisateur.

Un examen général des descriptions de paquets tend à montrer que la plupart d'entre elles ont une orientation fortement technique et ne sont donc pas destinées à l'utilisateur moyen. Sauf dans le cas de paquets destinés à des spécialistes, cela doit être considéré comme un problème.

Une recommandation pour rester accessible à tout utilisateur est d'éviter l'utilisation de jargon. Il est déconseillé de faire référence à des applications ou environnements qui pourraient être inconnus de l'utilisateur : parler de GNOME ou KDE est correct, car la plupart des utilisateurs sont familiers avec ces termes mais parler de GTK+ ne l'est pas. Il est préférable de supposer que le lecteur n'aura pas de connaissance du sujet et, si des termes techniques doivent être utilisés, ils doivent être expliqués.

Il est conseillé de rester objectif. Les descriptions de paquets ne sont pas une plaquette publicitaire, quelles que soient vos opinions personnelles. Le lecteur peut très bien ne pas avoir les mêmes centres d'intérêt que vous.

Les références aux noms d'autres logiciels, de protocoles, normes ou spécifications doivent utiliser leur forme canonique si elle existe. Par exemple, utilisez « X Window System », « X11 » ou « X » mais pas « X Windows », « X-Windows », ou « X Window ». Utilisez « GTK+ » et non « GTK » ou « gtk », « GNOME » et non « Gnome », « PostScript » et non « Postscript » ou « postscript ».

Si vous rencontrez des difficultés pour écrire la description d'un paquet, vous pouvez demander de l'aide ou une relecture sur .

6.2.2. Résumé, ou description courte, d'un paquet

La Charte indique que la ligne de résumé (la description courte) doit être concise, ne doit pas répéter le nom du paquet, mais doit être informative.

La description courte est une expression qui décrit le paquet, pas une phrase complète, donc les conventions de ponctuation sont inappropriés : pas besoin de commencer par une majuscule ou de finir par un point. Elle devrait éviter également la présence d'article défini ou indéfini — « a », « an », ou « the ». Par exemple :

Package: libeg0
Description: exemplification support library

Techniquement, c'est une phrase nominal sans article, par opposition à une une phrase verbale. Une bonne vérification est de pouvoir remplacer le nom du paquet et son résumé dans la phrase :

Le paquet nom fournit {un,une,le,la,l',du,de la} résumé (« the package nom provides {a,an,the,some} résumé »).

Les ensembles de paquets peuvent utiliser un schéma alternatif qui divise la description courte en deux parties, la première une description de l'ensemble et la seconde un résumé du rôle du paquet dans l'ensemble :

Package: eg-tools
Description: simple exemplification system (utilities)
			              
Package: eg-doc
Description: simple exemplification system - documentation

Ces descriptions courtes suivent un modèle modifié. Quand un paquet « nom » possède une description courte « ensemble (rôle) » ou « ensemble - rôle », les éléments peuvent être placés dans la phrase :

Le paquet nom fournit {un,une,le,la,l'} rôle pour {le,la,l'} ensemble (« the package nom provides {a,an,the} rôle for the ensemble »).

6.2.3. Description longue

La description longue est l'information principale disponible pour les utilisateurs avant d'installer un paquet. Elle devrait fournir toute les informations nécessaires pour déterminer si le paquet doit être installé. Elle complète le résumé qui est donc supposé avoir été lu précédemment.

La description longue est constituée de phrases complètes.

Le premier paragraphe de cette description devrait tenter de répondre aux questions suivantes : « Que fait ce paquet ? », « Dans quelle tâche aidera-t-il l'utilisateur ? ». Il est important que cette description se fasse de la manière la moins technique possible, sauf si le public auquel est destiné le paquet est par définition technique.

Les paragraphes suivants devraient répondre aux questions : « Pourquoi, en tant qu'utilisateur, ai-je besoin de ce paquet ? », « Quelles autres fonctionnalités ce paquet apporte-t-il ? », « Quelles fonctionnalités et défauts comporte-t-il par rapport à d'autres paquets (par exemple, « si vous avez besoin de X, utilisez plutôt Y ») ? », « Ce paquet est-il lié à d'autres paquets d'une manière non gérée par le système de gestion des paquets (par exemple, « ceci est le client destiné au serveur toto ») ? ».

Veillez à éviter les erreurs d'orthographe et de grammaire. Vérifier l'orthographe avec un outil adapté. Les deux programmes ispell et aspell comportent un mode spécial permettant de contrôler un fichier debian/control files :

ispell -d american -g debian/control
aspell -d en -D -c debian/control

Les utilisateurs attendent en général des descriptions de paquets les réponses aux questions suivantes.

  • Que fait ce paquet ? S'il s'agit d'un additif à un autre paquet, la description de cet autre paquet doit y être reprise.

  • Pourquoi ai-je besoin de ce paquet ? Cela est lié à la remarque précédente, de manière différente (ceci est un agent utilisateur pour le courrier électronique, avec une interface rapide et pratique vers PGP, LDAP et IMAP et les fonctionnalités X, Y ou Z).

  • Si ce paquet ne doit pas être installé seul, mais est installé par un autre paquet, cela devrait être mentionné.

  • Si le paquet est expérimental ou ne doit pas être utilisé pour toute autre raison et que d'autres paquets doivent être utilisés à la place, cela doit également être mentionné.

  • En quoi ce paquet diffère-t-il de ses concurrents ? Est-il une meilleure implémentation ? A-t-il plus de fonctionnalités ? Des fonctionnalités différentes ? Pourquoi devrais-je choisir ce paquet ?

6.2.4. Page d'accueil amont

Il est recommandé d'ajouter l'URL d'accès à la page d'accueil du paquet dans le champ Homepage de la section Source du fichier debian/control. L'ajout de cette information à la description même du paquet est une pratique considérée obsolète.

6.2.5. Emplacement du système de gestion de versions

Des champs supplémentaires permettent d'indiquer l'emplacement du système de gestion de versions dans debian/control.

6.2.5.1. Vcs-Browser

La valeur de ce champ doit être une URL http:// pointant sur la copie navigable par le web du dépôt de gestion de versions utilisé pour la maintenance du paquet, s'il est disponible.

Cette information est destinée à l'utilisateur final qui voudrait parcourir le travail en cours sur le paquet (par exemple à la recherche d'un correctif qui corrige un bogue marqué pending (en attente) dans le système de suivi des bogues.

6.2.5.2. Vcs-*

La valeur de ce champ doit être une chaîne identifiant sans équivoque l'emplacement du dépôt de gestion de versions utilisé pour la maintenance de ce paquet, s'il est disponible. * doit être remplacé par le système de gestion de versions. Les systèmes suivants sont actuellement gérés par le système de suivi des paquets : arch, bzr (Bazaar), cvs, darcs, git, hg (Mercurial), mtn (Monotone), svn (Subversion). Il est possible d'indiquer plusieurs champs VCS pour le même paquet : ils seront alors tous mentionnés dans l'interface web du système de suivi des paquets.

Cette information est destiné aux utilisateurs qui ont une connaissance suffisante du système de gestion de versions et qui veulent construire une version à jour du paquet depuis les sources du système de suivi. Une autre utilisation possible de cette information pourrait être la construction automatique de la dernière version, dans le système de suivi, d'un paquet donné. À cet effet, l'emplacement pointé devrait éviter d'être lié à une version spécifique et pointer vers la branche principale de développement (pour les systèmes qui ont un tel concept). De plus, l'emplacement indiqué doit être accessible à l'utilisateur final, par exemple en indiquant une adresse d'accès anonyme au dépôt, plutôt qu'une version accessible par SSH.

L'exemple qui suit montre une instance de ce champ pour un dépôt Subversion du paquet vim. Veuillez noter que l'URL a la forme svn:// (au lieu de svn+ssh://) et pointe sur la branche trunk/. Une utilisation des champs Vcs-Browser et Homepage, décrits précédemment, est aussi indiquée.

  Source: vim
  Section: editors
  Priority: optional
  <snip>
  Vcs-Svn: svn://svn.debian.org/svn/pkg-vim/trunk/packages/vim
  Vcs-Browser: http://svn.debian.org/wsvn/pkg-vim/trunk/packages/vim
  Homepage: http://www.vim.org

6.3. Meilleures pratiques pour debian/changelog

Les indications de cette partie complètent la Charte Debian pour ce qui concerne les fichiers de journaux de changements (« changelog »).

6.3.1. Entrées de journalisation utiles

Le document de suivi des modifications (« changelog ») présente uniquement les changements intervenus dans la version courante. Il est suggéré de mettre l'accent sur les modifications visibles ou affectant potentiellement les utilisateurs, réalisées depuis la version précédente.

Il est conseillé de mettre l'accent sur ce qui a été modifié, plutôt que comment, par qui et quand elle a été réalisée. Cela dit, il est conseillé, par courtoisie, d'indiquer les auteurs qui ont apporté une aide significative à la maintenance du paquet (par exemple lorsque ces personnes ont envoyé des correctifs).

Il n'est pas indispensable d'indiquer les détails des modifications triviales. Il est également possible de grouper plusieurs modifications sur une même entrée. Cependant, évitez une documentation trop concise pour les modifications majeures. Il est particulièrement conseillé d'être très clair sur les modifications qui affectent le comportement du programme. Pour des explications plus détaillées, vous pouvez aussi utiliser le fichier README.Debian.

Utilisez un anglais simple que la majorité des lecteurs puissent comprendre. Évitez les abréviations et le jargon technique lorsque des modifications permettent la clôture de bogues. Cela est vrai notamment quand vous pensez que les utilisateurs qui les ont envoyés n'ont pas de connaissances techniques importantes. Une formulation polie est à préférer et la vulgarité à prohiber.

Il est parfois souhaitable de faire précéder les entrées du journal des modifications par les noms des fichiers modifiés. Cependant, rien n'oblige à mentionner le moindre fichier modifié, notamment si la modification est simple ou répétitive. L'utilisation de caractères joker est possible.

Ne faites pas de suppositions lorsque vous faites référence à un bogue. Indiquez quel était le problème, comment il a été corrigé et ajoutez la chaîne closes: #nnnnn. Veuillez consulter Section 5.8.4, « Fermeture des rapports de bogue lors des mises à jour » pour plus d'informations.

6.3.2. Idées reçues sur les entrées de journalisation

Les entrée de journal des modifications ne devraient pas documenter les points spécifiques de la réalisation du paquet (« si vous cherchez le fichier toto.conf, il est situé dans /etc/titi ») car les administrateurs et les utilisateurs sont censés avoir l'habitude de la façon dont ces aspects sont traités sur un système Debian. Pensez, par contre, à documenter la modification de l'emplacement d'un fichier de configuration.

Les seuls bogues fermés par une entrée de journal de modifications devraient être ceux qui sont corrigés par la version correspondante du paquet. Fermer de cette manière des bogues qui n'ont aucun rapport avec la nouvelle version est considéré comme une mauvaise habitude. Veuillez consulter Section 5.8.4, « Fermeture des rapports de bogue lors des mises à jour ».

Les entrées du journal des modifications ne devraient pas être utilisées pour des discussions variées avec les émetteurs des rapports de bogues (par exemple : « je n'ai pas d'erreur de segmentation quand je lance toto avec l'option titi, merci d'envoyer plus d'informations »). De même, les considérations générales sur la vie, l'univers et le reste (« désolé, cet envoi m'a pris plus longtemps que prévu, mais j'avais un rhume ») ou encore des demandes d'aide (« la liste de bogues de ce paquet est très longue, merci de me donner un coup de main ») sont à éviter. Ces mentions ne seront généralement pas remarquées par leur public potentiel et peuvent ennuyer les personnes qui cherchent à lire les modifications concrètes du paquet. Voir Section 5.8.2, « Réponses aux bogues » pour plus d'informations sur l'utilisation du système de gestion des bogues.

Une tradition assez ancienne veut que les bogues corrigés dans les NMU soient pris en compte dans la première entrée du journal des modification d'une nouvelle version construite par le responsable. Depuis l'existence du suivi de version pour le système de gestion de bogues, cette pratique est obsolète à condition de conserver les entrées du journal des modification des NMU. Il est éventuellement possible de simplement mentionner les NMU dans votre propre entrée de journal des modifications.

6.3.3. Erreurs usuelles dans les entrées de journalisation

Les exemples suivants sont des erreurs usuelles ou des exemples de mauvaises pratiques dans le style des entrées de journaux de modifications (NdT : le texte est volontairement laissé non traduit).

  * Fixed all outstanding bugs.

Cela ne donne évidemment aucune indication au lecteur.

  * Applied patch from Jane Random.

Que faisait ce correctif ?

  * Late night install target overhaul.

Qu'est-ce que cela a amené ? Est-ce que la mention du fait que cela ait été fait tard la nuit doit nous alerter sur la probable mauvaise qualité du code ?

  * Fix vsync FU w/ ancient CRTs.

Trop d'acronymes qui rendent difficile de savoir ce qu'était le « merdoyage » (NdT : FU signifie « fsckup », donc cet exemple ajoute la vulgarité à l'incompréhensibilité) ou comment il a été corrigé.

  * This is not a bug, closes: #nnnnnn.

Il est inutile de faire un nouvel envoi de paquet pour envoyer cette information. Il suffit de simplement utiliser le système de suivi des bogues. De plus, aucune explication n'est donnée sur les raisons qui font que le problème n'est pas un bogue.

  * Has been fixed for ages, but I forgot to close; closes: #54321.

Si, pour une raison donnée, vous avez omis de mentionner un numéro de bogue dans une entrée précédente, ce n'est pas grave : il suffit de clôturer le bogue normalement dans le système de suivi des bogues. Il est inutile de changer le journal des modifications si on suppose que les explications sur la correction du bogue sont dans le bogue lui-même (cela s'applique également au suivi des bogues des auteurs amont : il est inutile de suivre, dans le journal des modifications, les bogues qu'ils ont corrigés depuis longtemps).

  * Closes: #12345, #12346, #15432

Où est la description ? Si vous ne trouvez pas de message suffisamment explicite, vous pouvez au moins utiliser le titre du rapport de bogue.

6.3.4. Complément des journaux de modifications dans les fichiers NEWS.Debian

Les nouvelles importantes sur les modifications survenues dans un paquet peuvent être placées dans des fichiers NEWS.Debian. Ces nouvelles seront affichées par des outils tels que apt-listchanges, avant tout le reste des modifications. Cette méthode est à privilégier pour diffuser aux utilisateurs d'un paquet les modifications importantes qu'il subit. Il est préférable de l'utiliser plutôt que des notes debconf car ce système permet de revenir lire les fichiers NEWS.Debian après l'installation. Il est également préférable de lister les modifications majeures dans README.Debian, car un utilisateur peut assez facilement ne pas remarquer l'affichage d'une note debconf (Ndt : a contrario, les fichiers NEWS.Debian ne peuvent être traduits).

Le format de ce fichier est analogue à un journal de modifications Debian, mais n'utilise pas d'astérisques et chaque nouveau message utilise un paragraphe complet plutôt que les mentions succinctes qui prendraient pas dans le journal des modifications. Il est conseillé de traiter le fichier avec dpkg-parsechangelog, ce qui permet d'en vérifier la mise en forme, car il ne sera pas automatiquement modifié pendant la construction du paquet, contrairement au journal des modifications. Voici un exemple de fichier NEWS.Debian réel :

cron (3.0pl1-74) unstable; urgency=low

    The checksecurity script is no longer included with the cron package:
    it now has its own package, checksecurity. If you liked the
    functionality provided with that script, please install the new
    package.

 -- Steve Greenland <stevegr@debian.org>  Sat,  6 Sep 2003 17:15:03 -0500

Le fichier NEWS.Debian est installé sous le nom /usr/share/doc/paquet/NEWS.Debian.gz. Il est compressé et porte toujours ce nom même pour les paquets Debian natifs. Si vous utilisez debhelper, dh_installchangelogs installera les fichiers debian/NEWS automatiquement.

À la différence des journaux de modifications, vous n'avez pas besoin de mettre NEWS.Debian à jour à chaque nouvelle version. Il est suffisant de le mettre à jour quand une information importante doit être diffusée aux utilisateurs. Si vous n'avez pas d'information importante à diffuser, il n'est pas nécessaire d'utiliser un fichier NEWS.Debian avec le paquet. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles !

6.4. Meilleures pratiques pour les scripts du responsable

Les scripts du responsable (« maintainer scripts ») sont les fichiers debian/postinst, debian/preinst, debian/prerm and debian/postrm. Ces scripts peuvent prendre en charge les phases d'installation ou de désinstallation non automatiquement gérées par la création ou la suppression de fichiers ou de répertoires. Les instruction qui suivent complètent celles de la Charte Debian.

Les scripts du responsable doivent être idempotent. Cela signifie que vous devez vous assurer que rien de grave ne se produit si un script est lancé deux fois au lieu d'une.

L'entrée et la sortie standard peuvent être redirigées (par exemple dans des tuyaux, ou « pipes ») pour des besoins de journalisation. Il est donc recommandé qu'il ne soient pas dépendants d'un terminal.

Toute interaction avec l'utilisateur doit être limitée au maximum. Lorsqu'elle est nécessaire, vous devriez utiliser le paquet debconf comme interface. Veuillez noter que l'interaction doit impérativement se faire à l'étape configure du script postinst.

Les scripts du responsable doivent rester aussi simples que possible et utiliser de préférence des scripts shell POSIX stricts. Veuillez noter que si vous avez besoin de spécificités de Bash, vous devez utiliser une ligne « shebang » pour Bash. Les scripts POSIX ou Bash sont encouragés par rapport aux scripts Perl, car debhelper peut alors y ajouter des fonctions.

Si vous modifiez les scripts du responsable, veillez à vérifier la suppression du paquet, la double installation et la purge. Vérifiez qu'un paquet purgé est entièrement éliminé, c'est à dire que les fichiers créés, directement ou indirectement dans les scripts du responsable, sont tous supprimés.

Pour vérifier l'existence d'une commande, vous devriez utiliser quelque chose comme :

if [ -x /usr/sbin/install-docs ]; then ...

Pour ne pas coder en dur le chemin d'une commande dans les scripts de responsable, la fonction shell conforme à POSIX suivante peut aider :

pathfind() {
    OLDIFS="$IFS"
    IFS=:
    for p in $PATH; do
        if [ -x "$p/$*" ]; then
            IFS="$OLDIFS"
            return 0
        fi
    done
    IFS="$OLDIFS"
    return 1
}

Vous pouvez utiliser cette fonction pour rechercher dans $PATH une commande donnée, passée en paramètre. Elle renvoie « true » (zéro) si la commande est trouvée et « false » dans le cas contraire. Il s'agit de la méthode la plus portable car command -v, type, et which ne sont pas conformes à POSIX.

Bien que which soit acceptable car fourni dans le paquet requis debianutils, il n'est pas disponible sur la partition racine mais est situé dans le répertoire /usr/bin au lieu de /bin, ce qui rend son utilisation impossible si /usr n'est pas encore monté. La plupart des scripts ne seront toutefois pas affectés par cela.

6.5. Gestion de la configuration avec debconf

debconf est un système de gestion de configuration utilisable par les divers scripts des paquets (postinst notamment) pour interagir avec l'utilisateur sur des choix à opérer pour la configuration du paquet. Les interactions directes avec l'utilisateur doivent maintenant être évitées en faveur de debconf, notamment pour permettre des installations non interactives.

debconf est un outil très pratique mais souvent mal utilisé. De nombreuses erreurs classiques sont mentionnées dans la page de manuel debconf-devel(7). Il est indispensable de lire cette page de manuel avant de décider d'utiliser debconf. Quelques bonnes pratiques sont également indiquées dans le présent document.

Les présents conseils comportent des indications sur le style d'écriture et la typographie, des considérations générales sur l'utilisation de debconf ainsi que des recommandations plus spécifiques relatives à certaines parties de la distribution (le système d'installation notamment).

6.5.1. Proscrire les abus de debconf

Depuis que debconf est apparu dans Debian, il a été tellement utilisé que de nombreuses critiques ont été émises à l'encontre de la distribution Debian pour abus d'utilisation de debconf, avec la nécessité de répondre à un nombre très important de questions avant d'avoir un quelconque outil installé.

Les notes d'utilisation doivent être réservées à leur emplacement naturel : le fichier NEWS.Debian ou README.Debian. N'utilisez les notes que pour des points importants qui peuvent directement concerner l'utilisabilité du paquet. Les notes interrompent l'installation tant qu'elles ne sont pas confirmées et elles peuvent conduire à des envois de courriers électroniques aux utilisateurs.

Choisissez soigneusement les questions posées dans les scripts du responsable. Veuillez consulter la page de manuel debconf-devel(7) pour plus de détails sur les priorités. La plupart des questions devraient utiliser les priorités intermédiaire (medium) ou basse (low).

6.5.2. Recommandations générales pour les auteurs et les traducteurs

6.5.2.1. Utilisation d'un anglais correct

La plupart des responsables de paquets Debian ne sont pas anglophones. Il n'est donc pas nécessairement facile pour eux d'écrire des écrans correctement.

Pensez à utiliser (voire abuser de) la liste . Faites relire vos écrans.

Des écrans mal écrits fournissent une image négative de votre paquet, de votre travail ou même de Debian en général.

Évitez autant que possible le jargon technique. Si certains termes vous sont familiers, ils peuvent être incompréhensibles à d'autres. Si vous ne pouvez les éviter, tentez de les expliquer (avec la description étendue). Dans ce cas, tentez de faire la part des choses entre simplicité et verbosité.

6.5.2.2. Courtoisie avec les traducteurs

Les écrans debconf peuvent être traduits. Les paquets debconf et po-debconf fournissent un ensemble simple permettant la traduction des écrans par des équipes de traductions ou des traducteurs isolés.

Utilisez des écrans permettant l'utilisation de gettext. Installez le paquet po-debconf sur votre machine de développement et lisez sa documentation (man po-debconf est un bon début).

Évitez de changer les écrans trop souvent. Les modifications de texte ont une incidence sur le travail des traducteurs dont les traductions vont devenir approximatives (« fuzzy »). Une chaîne de caractères devient approximative quand la version originale a été modifiée depuis la traduction, demandant ainsi une mise à jour par un traducteur pour être utilisable. Si les modifications sont mineures, la traduction originale est conservée dans le fichier PO mais marquée fuzzy.

Si vous prévoyez de modifier les écrans d'origine, veuillez utiliser le système de notification podebconf-report-po, fourni avec le paquet po-debconf, pour contacter les traducteurs. La plupart des traducteurs sont réactifs, et inclure leur mise à jour en même temps que les modifications des écrans d'origine vous évitera des envois ultérieurs pour mettre à jour des traductions. Si vous utilisez des écrans se servant de gettext, le nom et l'adresse électronique des traducteurs sont mentionnés dans les en-têtes des fichiers PO et seront utilisés par podebconf-report-po.

Une façon recommandée de se servir de cet utilitaire est :

cd debian/po && podebconf-report-po --call --languageteam --withtranslators --deadline="+10 days"

Cette commande synchronisera d'abord les fichiers PO et POT de debian/po avec les fichiers d'écrans listés en debian/po/POTFILES.in. Ensuite, elle déclenchera un appel à de nouvelles traductions sur la liste de diffusion . Enfin, elle déclenchera un appel à mise à jour de traduction aux équipes de traductions (indiquée dans le champ Language-Team de chaque fichier PO) ainsi qu'au dernier traducteur (indiqué en Last-translator).

La mention d'une date limite aux traducteurs est toujours appréciée, pour leur permettre d'organiser leur travail. Veuillez ne pas oublier que certaines équipes ont formalisé leur processus de traduction et révision de tel sorte qu'un délai inférieur à dix jours n'est pas considéré comme raisonnable. Un délai plus court met trop de pression sur les équipes de traduction et ne devrait être réservé qu'aux modifications mineures.

Dans le doute, vous pouvez également contacter l'équipe de traduction d'une langue donnée (debian-l10n-xxxxx@lists.debian.org) ou la liste de diffusion .

6.5.2.3. Correction (« unfuzzy ») des traductions pour des erreurs typographiques ou de frappe

Lorsque le texte d'un écran debconf est corrigé et que vous avez la certitude que la modification n'affecte pas les traductions, pensez aux traducteurs et rendez leur traductions à nouveau complètes (« unfuzzy »).

Si cela n'est pas fait, l'ensemble de l'écran debconf ne sera plus traduit tant qu'un traducteur n'aura pas envoyé de mise à jour.

Pour rendre les traductions à nouveau complètes (« unfuzzy »), deux méthodes existent. La première, préventive, effectue recherche et remplacement dans le fichier PO. La seconde utilise gettext pour rendre des chaînes à nouveau complètes (« unfuzzy »).

Méthode préventive :

  1. essayer de trouver un fichier de traduction complet avant la modification :

    for i in debian/po/*po; do echo -n $i: ; msgfmt -o /dev/null --statistics $i; done

    Le fichier ne montrant que des messages traduits sera utilisé comme fichier de référence. S'il n'y en a aucun (ce qui ne devrait pas arriver si vous collaborez correctement avec les traducteurs), vous devriez utiliser le fichier qui contient le plus de messages traduits ;

  2. identifier la modification nécessaire. Dans l'exemple suivant, supposons que la modification est une correction de faute de frappe dans le mot « typo » qui a été écrit « tpyo » par mégarde. Par conséquent, la modification est s/tpyo/typo ;

  3. vérifier que la modification ne s'applique bien que là où il faut et pas ailleurs, où la chaîne d'origine est appropriée. Cette remarque s'applique en particulier aux modifications de ponctuation ;

  4. modifier tous les fichiers PO avec sed. L'utilisation de cette commande est recommandée par rapport à n'importe quel éditeur de texte pour garantir que l'encodage des fichiers soit respecté lors de la modification :

    cd debian/po
    for i in *.po; do sed -i 's/tpyo/typo/g' $i; done
    
  5. modifier le fichier d'écrans debconf (templates) pour corriger la faute de frappe ;

  6. exécuter la commande debconf-updatepo ;

  7. vérifier le fichier truc.po de référence, ses statistiques devraient être identiques :

    msgfmt -o /dev/null --statistics debian/po/truc.po
    
  8. si les statistiques du fichier ont changé, vous avez commis une erreur. Essayez de nouveau ou demandez de l'aide sur la liste de diffusion .

Méthode gettext :

  1. déplacer les fichiers PO incomplets à un endroit temporaire. Les fichiers peuvent être contrôlés avec la commande suivante (qui nécessite l'installation du paquet gettext) :

    for i in debian/po/*po; do echo -n $i: ; msgfmt -o /dev/null --statistics $i; done
  2. déplacer tous les fichiers qui comportent des chaînes approximatives (« fuzzy ») dans un répertoire temporaire. Les fichiers qui ne comportent aucune chaîne approximative (seulement des chaînes traduites ou non traduites) peuvent être laissés en place ;

  3. maintenant et pas avant, vous pouvez corriger le fichier d'écrans debconf (templates) en vous assurant à nouveau que les traductions ne risquent pas d'être affectées (des fautes de frappes, des erreurs grammaticales et certaines erreurs typographiques ne posent en général pas de problèmes) ;

  4. exécuter la commande debconf-updatepo. Cette commande va rendre approximatives les traductions de toutes les chaînes modifiées. Cela peut être contrôlé avec la commande ci-dessus à nouveau ;

  5. utiliser la commande suivante :

    for i in debian/po/*po; do msgattrib --output-file=$i --clear-fuzzy $i; done
  6. replacer à nouveau dans debian/po les fichiers contenant des chaînes approximatives à la première étape ;

  7. exécuter la commande debconf-updatepo à nouveau.

6.5.2.4. Proscrire toute supposition sur les interfaces utilisateurs

Les textes des écrans ne devraient pas faire référence aux éléments disponibles sur certaines interfaces de debconf. Des phrases telles que « If you answer Yes » ne signifient rien avec les interfaces graphiques où des boutons radio sont utilisés pour les questions booléennes.

Les écrans de type string ne devraient pas faire référence aux valeurs par défaut dans leur description. Cela est tout d'abord redondant avec les valeurs visibles par les utilisateurs. Mais également, les valeurs présentées par défaut peuvent être différentes du choix du responsable (par exemple, lorsque la base de données de debconf a été pré-renseignée).

De manière plus générale, évitez de faire référence à des actions particulières des utilisateurs et donnez simplement des faits.

6.5.2.5. Proscrire l'utilisation de la première personne

Vous devriez éviter l'utilisation de la première personne (« I will do this... » ou « We recommend... »). L'ordinateur n'est pas une personne et les écrans de debconf ne parlent pas au nom des développeurs de Debian. Vous devriez utiliser des constructions neutres. Pour les personnes familières de la publication scientifiques, il suffit en général d'adopter le style d'écriture qui y est utilisé. Tentez cependant d'utiliser la forme active si possible. Par exemple : « Enable this if... » au lieu de « This can be enabled if... ».

6.5.2.6. Neutralité en genre

Le monde est fait d'hommes et de femmes. Veuillez utiliser des constructions neutres en genre dans vos écrits.

6.5.3. Définition des champs de modèles (« templates »).

Les informations présentées dans cette partie proviennent pour l'essentiel de la page de manuel debconf-devel(7).

6.5.3.1. Type

6.5.3.1.1. string

offre un champ de saisie où l'utilisateur peut entrer n'importe quelle chaîne de caractères.

6.5.3.1.2. password

demande un mot de passe. Ce champ est à utiliser avec précaution car le mot de passe saisi sera conservé dans la base de données de debconf. Il est conseillé d'effacer cette valeur de la base de donnes dès que possible.

6.5.3.1.3. boolean

offre un choix du type « vrai » ou « faux ». N'oubliez pas, c'est bien un choix « vrai » ou « faux », pas « oui » ou « non »...

6.5.3.1.4. select

offre le choix entre différentes valeurs. Les choix doivent être indiqués dans un champ appelé « Choices ». Les différentes valeurs doivent être séparées par des virgules et des espaces, comme ceci : « Choices: yes, no, maybe ».

Si les choix sont traduisibles, le champ « Choices » peut être marqué traduisible en utilisant « __Choices ». Les deux tirets bas permettent à chaque choix de devenir une chaîne différente proposée à la traduction.

Le système po-debconf offre également la possibilité intéressante de ne marquer que certains choix traduisibles. Par exemple :

Template: truc/bidule
Type: Select
#flag:translate:3
__Choices: PAL, SECAM, Other
_Description: TV standard:
 Please choose the TV standard used in your country.

Dans cet exemple, seule la chaîne « Other » est traduisible, alors que les autres sont des acronymes qui ne devraient pas êtres traduits. Seul « Other » sera inclus dans les fichiers PO et POT.

Le système d'indicateur (« flag ») d'écrans debconf permet de faire de telles choses. La page de manuel po-debconf(7) documentes toutes ces possibilités.

6.5.3.1.5. multiselect

similaire au type select, mais permet de choisir plusieurs (ou aucune) valeurs parmi la liste de choix.

6.5.3.1.6. note

plus qu'une vraie question, ce type indique une note affichée aux utilisateurs. Elle doit être réservée à des informations importantes que l'utilisateur doit absolument voir, car debconf fera tout pour s'assurer qu'elle soit visible, en interrompant l'installation jusqu'à ce qu'une touche soit appuyée, voire en envoyant la note par courrier électronique dans certains cas.

6.5.3.1.7. text

ce type est maintenant obsolète : il ne faut pas l'utiliser.

6.5.3.1.8. error

ce type permet de gérer des messages d'erreur. Il est analogue au type note. Les interfaces utilisateur peuvent le présenter différemment (par exemple l'interface cdebconf dessine un écran à fond rouge au lieu de l'écran bleu habituel).

Il est recommandé d'utiliser ce type pour tout message qui requiert l'attention de l'utilisateur pour procéder à une correction, quelle qu'elle soit.

6.5.3.2. Description : description courte et étendue

Les descriptions de modèles comportent deux parties : la partie courte et la partie étendue. La partie courte est celle qui est placée sur la ligne Description du modèle.

La partie courte doit rester courte (une cinquantaine de caractères) afin d'être gérée par la majorité des interfaces de debconf. La garder courte facilite également le travail des traducteurs car les traductions sont souvent plus longues que les textes originaux.

La description courte doit être autonome. Certaines interfaces ne montrent pas la description longue par défaut ou ne la montrent que si l'utilisateur le demande explicitement. Il est ainsi déconseillé d'utiliser des phrases comme « What do you want to do? » (« Que voulez vous faire ? »)

La description courte ne doit pas nécessairement être une phrase entière. C'est une façon de la garder courte et efficace.

La partie longue ne doit pas répéter la partie courte. Si vous ne trouvez pas de partie longue appropriée, réfléchissez un peu plus. Demandez dans debian-devel. Demandez de l'aide. Prenez un cours d'écriture ! La description longue est importante. Si, malgré tout cela, vous ne trouvez rien d'intéressant à ajouter, laissez-la vide.

La partie longue doit utiliser des phrases complètes. Les paragraphes doivent rester courts pour améliorer la lisibilité. Ne placez pas deux idées différentes dans le même paragraphe mais séparez-les en deux paragraphes.

Ne soyez pas trop verbeux. Les utilisateurs ont tendance à ne pas lire les écrans trop longs. Une vingtaine de lignes est une limite que vous ne devriez pas dépasser car, avec l'interface dialog standard, les utilisateurs devront monter et descendre avec des ascenseurs, ce que la plupart des utilisateurs ne feront simplement pas.

La partie longue de la description ne devrait jamais comporter de question.

Les parties qui suivent donnent des recommandations spécifiques pour certains types de modèles (string, boolean, etc.).

6.5.3.3. Choices

Ce champ doit être utilisé pour les types select et multiselect. Il contient les choix proposés aux utilisateurs. Ces choix doivent être séparés par des virgules.

6.5.3.4. Default

Ce champ optionnel contient la réponse par défaut pour les modèles string, select et multiselect. Dans ce dernier cas, il peut comporter une liste de choix multiples, séparés par des virgules.

6.5.4. Guide de style spécifique à certains modèles

6.5.4.1. Champ Type

Pas d'indication particulière si ce n'est choisir le type adapté en se référant à la section précédente.

6.5.4.2. Champ Description

Vous trouverez ici des instruction particulières pour l'écriture du champ Description (parties courte et longue) selon le type de modèle.

6.5.4.2.1. Modèles string et password
  • La description courte est une invite et pas un titre. Il faut éviter la forme interrogative (« IP Address? ») au profit d'une invite ouverte (« IP address: »). L'utilisation d'un deux-points final est recommandée.

  • La partie longue complète la partie courte. Il est conseillé d'y expliquer ce qui est demandé, plutôt que répéter la même demande. Utilisez des phrases complètes. Un style d'écriture abrégé est déconseillé.

6.5.4.2.2. Modèles boolean
  • La partie courte devrait utiliser la forme interrogative et se terminer par un point d'interrogation. Un style abrégé est toléré et même encouragé si la question est complexe (les traductions vont être plus longues que la version originale).

  • Il est important de ne pas faire référence aux spécificités de certaines interfaces. Une erreur classique est d'utiliser une construction comme « If you answer Yes... » (« Si vous répondez Oui... »).

6.5.4.2.3. Modèles select et multiselect
  • La description courte est une invite et pas un titre. N'utilisez pas de constructions comme « Please choose... » (« Veuillez choisir... »). Les utilisateurs sont suffisamment intelligents pour comprendre qu'il est nécessaire de choisir quelque chose.

  • La description longue complète la partie courte. Elle peut faire référence aux choix disponibles. Elle peut aussi indiquer que l'utilisateur peut sélectionner plus d'un choix parmi ceux disponibles, pour les modèles multiselect (bien que l'interface rende en général cela tout à fait clair).

6.5.4.2.4. Modèles note
  • La description courte doit être considérée comme un titre.

  • La partie longue est ce qui sera affiché comme description plus détaillée de la note. Il est déconseillé d'y utiliser un style abrégé.

  • N'abusez pas de debconf. Les notes sont un des abus les plus fréquents de debconf. Comme indiqué dans la page de manuel de debconf, elles devraient être réservées pour avertir les utilisateurs de problèmes très importants. Les fichiers NEWS.Debian ou README.Debian sont les endroits appropriés pour l'information qu'affichent la majorité des notes. Si, à la lecture de ces conseils, vous envisagez de convertir vos modèles de type note en entrée dans NEWS.Debian ou README.Debian, pensez à conserver d'éventuelles traductions existantes.

6.5.4.3. Champ Choices

Si les choix changent souvent, il est suggéré d'utiliser l'astuce « __Choices ». Avec ce format, chaque choix sera une chaîne différente proposée à la traduction, ce qui facilite grandement le travail des traducteurs.

6.5.4.4. Champ Default

Si la valeur par défaut d'un modèle select peut être dépendante de la langue utilisée (par exemple s'il s'agit du choix d'une langue par défaut), pensez à utiliser l'astuce « _Default ».

Ce champ spécial permet aux traducteur de mettre le choix le plus adapté à leur langue, qui deviendra le choix par défaut quand cette langue est utilisée, alors que le choix par défaut que vous avez mentionné sera utilisé en anglais.

Exemple, pris dans le paquet geneweb :

Template: geneweb/lang
Type: select
__Choices: Afrikaans (af), Bulgarian (bg), Catalan (ca), Chinese (zh), Czech (cs), Danish (da), Dutch (nl), English (en), Esperanto (eo), Estonian (et), Finnish (fi), French (fr), German (de), Hebrew (he), Icelandic (is), Italian (it), Latvian (lv), Norwegian (no), Polish (pl), Portuguese (pt), Romanian (ro), Russian (ru), Spanish (es), Swedish (sv)
# This is the default choice. Translators may put their own language here
# instead of the default.
# WARNING : you MUST use the ENGLISH NAME of your language
# For instance, the french translator will need to put French (fr) here.
_Default: English[ translators, please see comment in PO files]
_Description: Geneweb default language:

Veuillez noter l'utilisation de crochets pour autoriser des commentaires internes dans les champs de debconf. Notez également l'utilisation de commentaires qui apparaîtront dans les fichiers de travail des traducteurs.

Les commentaires sont très utiles car l'astuce « _Default » est parfois déroutante pour les traducteurs qui doivent y mettre leur propre choix et non une simple traduction.

6.5.4.5. Champ Default

N'utilisez pas de champ Default vide. Si vous ne souhaitez pas avoir de valeur par défaut, n'utilisez pas du tout ce champ.

Quand vous utilisez po-debconf, (et vous devriez, voir Section 6.5.2.2, « Courtoisie avec les traducteurs »), veuillez rendre ce champ traduisible si vous pensez qu'il peut l'être.

Si la valeur par défaut peut dépendre de la langue ou du pays (par exemple une langue par défaut dans un programme), pensez à utiliser le type « _Default » documenté dans la page de manuel po-debconf(7).

6.6. Internationalisation

Cette section fournit des informations générales à destination des développeurs pour simplifier la vie des traducteurs. Vous trouverez plus d'informations à destination des traducteurs et développeurs intéressés par l'internationalisation dans la documentation sur l'internationalisation et la localisation dans Debian.

6.6.1. Gestion des traductions debconf

Comme les porteurs, les traducteurs ont une tâche difficile. Ils travaillent sur de nombreux paquets et doivent collaborer avec de nombreux responsables. De plus, ils n'ont généralement pas la langue anglaise comme langue maternelle et vous devez donc faire preuve d'une patience particulière avec eux.

L'objectif de debconf est de rendre la configuration des paquets plus facile pour les responsables de paquets et pour les utilisateurs. Initialement, la traduction des écrans de debconf était gérée avec debconf-mergetemplate. Cependant, cette technique est désormais obsolète et la meilleure façon d'internationaliser debconf est d'utiliser le paquet po-debconf. Cette méthode rend plus simple le travail des traducteurs et des responsables et des scripts de transition sont fournis.

Avec po-debconf, les traductions sont gérées dans des fichiers .po (hérités des techniques de traduction utilisées avec gettext). Des fichiers modèles contiennent les messages d'origine et les champs à traduire y sont marqués spécifiquement. Lorsque le contenu d'un champ traduisible est modifié, l'emploi de la commande debconf-updatepo permet d'indiquer que la traduction a besoin d'une mise à jour par les traducteurs. Ensuite, au moment de la construction du paquet, le programme dh_installdebconf s'occupe des opérations nécessaires pour ajouter le modèle avec les traductions à jour dans les paquets binaires. Vous pouvez consulter la page de manuel de po-debconf(7) pour plus d'informations.

6.6.2. Documentation internationalisée

L'internationalisation de la documentation est primordiale pour les utilisateurs mais représente un travail très important. Même s'il n'est pas possible de supprimer tout le travail nécessaire, il est possible de faciliter la tâche des traducteurs.

Si vous maintenez une documentation de quelque taille que ce soit, il sera plus pratique pour les traducteurs d'avoir accès au système de suivi des versions source. Cela leur permet de voir les différences entre deux versions de la documentation et, par conséquent, de mieux voir où les traductions doivent être modifiées. Il est recommandé que la documentation traduite contienne l'indication du système de suivi des versions source qui est utilisé. Un système pratique est fourni par doc-check du paquet debian-installer, qui permet un survol de l'état de la traduction pour toute langue, par l'utilisation de commentaires structurés dans la version du fichier à traduire et, pour le fichier traduit, la version du fichier sur laquelle est basée la traduction. Il est possible d'adapter ce système dans votre propre dépôt de gestion de version.

Si vous maintenez de la documentation en format XML ou SGML, il est conseillé d'isoler l'information indépendant de la langue et de la définir sous forme d'entités dans un fichier à part qui sera inclus par toutes les traductions. Cela rend par exemple plus simple la maintenance d'URL dans de nombreux fichiers.

Certains outils (par exemple po4a, poxml, ou translate-toolkit) sont spécialisés dans l'extraction des composants traduisibles depuis différents formats. Ils fabriquent des fichiers PO (un format plutôt habituel pour les traducteurs), qui permettent de voir les traductions à mettre à jour quand le document a été modifié.

6.7. Situations courantes de gestion de paquets

6.7.1. Paquets utilisant autoconf ou automake

Pouvoir disposer de fichiers config.sub et config.guess à jour est un point critique pour les porteurs, particulièrement pour les architectures assez volatiles. De très bonnes pratiques applicables à tout paquet qui utilise autoconf ou automake ont été résumées dans /usr/share/doc/autotools-dev/README.Debian.gz du paquet autotools-dev. Il est fortement recommandé de lire ce fichier et d'en suivre les recommandations.

6.7.2. Bibliothèques

Les paquets fournissant des bibliothèques sont plus difficiles à maintenir pour plusieurs raisons. La Charte impose de nombreuses contraintes pour en faciliter la maintenance et garantir que les mises à niveau sont aussi simples que possible quand une nouvelle version amont est disponible. Des erreurs dans une bibliothèque sont susceptibles de rendre inutilisables de très nombreux paquets.

Les bonnes pratiques pour la maintenance de paquets fournissant des bibliothèques ont été rassemblées dans le guide de gestion des paquets de bibliothèques.

6.7.3. Documentation

Veuillez vous assurer que vous suivez la Charte de documentation.

Si votre paquet contient de la documentation construite à partir de fichiers XML ou SGML, il est recommandé de ne pas fournir ces fichiers source dans les paquets binaires. Les utilisateurs qui souhaiteraient disposer des sources de la documentation peuvent alors récupérer le paquet source.

La Charte indique que la documentation devrait être fournie en format HTML. Il est recommandé de la fournir également dans les formats PDF et texte si cela est pratique et si un affichage de qualité raisonnable est possible. Cependant, il est le plus souvent inapproprié de fournir en format texte simple des versions de documentations dont le format source est HTML.

Les manuels les plus importants qui sont fournis devraient être enregistrés avec doc-base lors de leur installation. Veuillez consulter la documentation du paquet doc-base pour plus d'informations.

La Charte Debian (section 12.1) indique que des pages de manuel devraient être fournies avec chaque programme, utilitaire et fonction, et suggère d'en fournir pour les autres éléments comme les fichiers de configuration. Si le travail que vous empaquetez ne fournit pas de tels pages de manuel, veuillez envisager de les écrire pour les ajouter à votre paquet, et les proposer en amont.

Les pages de manuel n'ont pas besoin d'être écrites directement au format troff. Les formats source populaires Docbook, POD et reST peuvent être convertis en utilisant respectivement xsltproc, pod2man et rst2man. De moins grande ampleur, le programme help2man peut aussi être utilisé pour écrire une souche.

6.7.4. Catégories particulières de paquets

Plusieurs catégories particulières de paquets utilisent des chartes spécifiques avec les règles et de bonnes pratiques correspondantes.

  • Les paquets liés à Perl utilisent une charte Perl. Des exemples de tels paquets qui appliquent cette charte spécifique sont libdbd-pg-perl (module Perl binaire) ou libmldbm-perl (module Perl indépendant de l'architecture).

  • Les paquets liés à Python utilisent une charte Python. Veuillez consulter le fichier /usr/share/doc/python/python-policy.txt.gz du paquet python pour plus d'informations.

  • Les paquets liés à Emacs utilisent une charte Emacs.

  • Les paquets liés à Java utilisent une charte Java.

  • Les paquets liés à Ocaml utilisent leur propre charte, que l'on peut trouver dans le fichier /usr/share/doc/ocaml/ocaml_packaging_policy.gz du paquet ocaml. Un bon exemple est fourni par le paquet source camlzip.

  • Les paquets fournissant des DTD XML ou SGML devraient suivre les recommandations données dans le paquet sgml-base-doc.

  • Les paquets Lisp doivent s'enregistrer avec common-lisp-controller, pour lequel plus d'information est disponible dans /usr/share/doc/common-lisp-controller/README.packaging.

6.7.5. Données indépendantes de l'architecture

Il est fréquent qu'un grand nombre de données indépendantes de l'architecture soient fournies avec un programme. Cela peut être par exemple des fichiers audio, un ensemble d'icônes, des motifs de papier-peint ou d'autres fichiers graphiques. Si la taille de ces données est négligeable par rapport à la taille du reste du paquet, il est probablement préférable de laisser l'ensemble dans un seul paquet.

Cependant, si cette taille est importante, vous devriez réfléchir à les fournir dans un paquet séparé, indépendant de l'architecture (_all.deb). Cela permet ainsi d'éviter la duplication des mêmes données dans de nombreux paquets binaires, un par architecture. Bien que cela ajoute des entrées dans les fichiers Packages, cela permet d'économiser une place importante sur les miroirs de Debian. La séparation des données indépendantes de l'architecture réduit également le temps de traitement de lintian (voir Section A.2, « Contrôle de paquets (« lint ») ») lorsqu'il est utilisé sur l'archive Debian en entier.

6.7.6. Besoin de paramètres régionaux spécifiques lors de la construction

Si des paramètres régionaux (« locale ») sont nécessaires pour la construction d'un paquet, vous pouvez créer un fichier temporaire avec l'astuce suivante.

Si la variable LOCPATH est placée sur l'équivalent de /usr/lib/locale et LC_ALL sur le nom des paramètres régionaux à créer, vous devriez pouvoir obtenir le résultat escompté sans avoir les privilèges du superutilisateur. La séquence ressemblera alors à :

LOCALE_PATH=debian/tmpdir/usr/lib/locale
LOCALE_NAME=en_IN
LOCALE_CHARSET=UTF-8

mkdir -p $LOCALE_PATH
localedef -i $LOCALE_NAME.$LOCALE_CHARSET -f $LOCALE_CHARSET $LOCALE_PATH/$LOCALE_NAME.$LOCALE_CHARSET

# Using the locale
LOCPATH=$LOCALE_PATH LC_ALL=$LOCALE_NAME.$LOCALE_CHARSET date

6.7.7. Paquets de transition conformes à deborphan

Le programme deborphan permet aux utilisateurs d'identifier les paquets pouvant être supprimés sans crainte du système, c'est-à-dire ceux dont aucun paquet ne dépend. Par défaut, l'utilitaire n'effectue sa recherche que parmi les paquets de bibliothèques et les sections libs et oldlibs, afin de traquer les bibliothèques inutilisées. Cependant, avec le paramètre approprié, il peut rechercher d'autres paquets inutiles.

Par exemple, le paramètre --guess-dummy de la commande deborphan permet de rechercher les paquets de transition qui étaient nécessaires lors de mises à niveau mais peuvent être supprimés sans problème. Pour cela, il recherche la chaîne « dummy » ou « transitional » dans leur description courte.

Ainsi, lorsque vous avez besoin de créer un tel paquet, veuillez prendre soin d'ajouter ce texte à sa description courte. Il est facile de trouver des exemples avec les commandes apt-cache search .|grep dummy ou apt-cache search .|grep transitional.

6.7.8. Meilleures pratiques pour les fichiers .orig.tar.{gz,bz2,lzma}

Il existe deux sortes différentes d'archives source d'origine. Les sources originelles (« pristine ») et les sources reconstruites (« repackaged »).

6.7.8.1. Source originelle (« pristine »)

La caractéristique définissant une archive source originelle et que le fichier .orig.tar.{gz,bz2,lzma} est strictement identique à l'archive fournie par l'auteur amont.[5] Cela permet d'utiliser des sommes de contrôle pour vérifier que toutes les modifications effectuées entre la version Debian et la version amont sont contenues dans le fichier de différences Debian. De même, si la taille des sources d'origine est importante, les auteurs amont et tous ceux qui disposent de l'archive amont d'origine peuvent économiser du temps de téléchargement s'ils souhaitent contrôler le paquet en détail.

Il n'existe pas de convention universellement acceptée pour la structure de répertoires que devraient adopter les auteurs amont dans les archives qu'ils publient, mais dpkg-source peut de toute manière traiter le plupart des archives amont comme des sources originelles. La stratégie de cette commande est la suivante :

  1. elle extrait l'archive dans un répertoire temporaire :

    zcat path/to/nomdupaquet_version-amont.orig.tar.gz | tar xf -
    
  2. si, après cela, le répertoire temporaire ne contient qu'un seul répertoire sans fichiers, dpkg-source renomme ce répertoire en nomdupaquet-version-amont(.orig). Le nom du répertoire parent de l'archive tar n'a pas d'importance et est oublié ;

  3. si ce n'est pas le cas, l'archive amont a été créée sans répertoire parent (honte à l'auteur amont !). Dans ce cas, dpkg-source renomme le répertoire temporaire lui-même en nomdupaquet-version-amont(.orig).

6.7.8.2. Source amont reconstruite

Vous devriez envoyer les paquets avec une archive source inchangée, dans la mesure du possible. Il existe cependant plusieurs raisons qui peuvent rendre cela impossible. C'est notamment le cas si les auteurs amont ne distribuent pas d'archive tar compressée du tout ou si l'archive amont contient des parties non conformes aux principes du logiciel libre selon Debian, qui doivent être supprimées avant l'envoi.

Dans ces cas, le responsable doit construire manuellement une archive .orig.tar.{gz,bz2,lzma}. Cette archive sera appelée une archive amont reconstruite. Il est important de noter qu'elle reste différente d'un paquet natif. Une archive reconstruite est toujours fournie avec les changements propres à Debian dans un fichier .diff.gz ou .debian.tar.{gz,bz2,lzma} séparé et son numéro de version est toujours composé de upstream-version et debian-version.

Il peut exister des cas où il est souhaitable de reconstruire une archive source alors que les auteurs amont fournissent bien une archive .tar.{gz,bz2,lzma} qui pourrait être utilisée directement. Le plus évident est la recherche d'un gain de place significatif par recompression ou par suppression de scories inutiles de l'archive source d'origine. Il est important que le responsable exerce avec discernement son propre jugement et soit prêt à le justifier si l'archive source est reconstruite alors qu'elle aurait pu être fournie telle quelle.

Un fichier .orig.tar.{gz,bz2,lzma} reconstruit :

  1. devrait être documenté dans le fichier source. Des informations détaillées sur la façon dont les sources ont été obtenues et comment il est possible de refaire l'opération devraient être fournies dans le fichier debian/copyright. Il est également suggéré de fournir une cible get-orig-source dans le fichier debian/rules, qui permette de refaire cette opération, comme indiqué dans la Charte Debian à propos du script de construction principal : debian/rules ;

  2. ne devrait pas contenir de fichier non distribué par les auteurs amont, ou dont vous avez modifié le contenu ;[6]

  3. devrait, sauf si c'est impossible pour des raisons légales, préserver l'intégralité de l'infrastructure de construction et de portabilité fournie par l'auteur amont. Par exemple, il ne faut pas enlever un fichier sous prétexte qu'il ne sert qu'à la compilation sur MS-DOS. De même, un Makefile fourni en amont n'a pas de raison d'être enlevé si la première action de debian/rules est de l'écraser en exécutant un script de configuration.

    (Raison : les utilisateurs Debian ont l'habitude, pour compiler des logiciels sur des systèmes non Debian, de prendre les sources depuis les miroirs Debian plutôt que d'essayer de trouver le dépôt officiel amont) ;

  4. devrait utiliser nomdupaquet-version-amont(.orig) comme nom de répertoire racine de l'archive. Cela permet de distinguer les sources originelles des sources reconstruites ;

  5. devrait utiliser le taux de compression maximal.

6.7.8.3. Modification de fichier binaire

Il est parfois nécessaire de modifier les fichiers binaires contenus dans l'archive d'origine, ou d'ajouter des fichiers binaires. C'est tout à fait possible avec les paquets au format « 3.0 (quilt) ». Consultez la page de manuel dpkg-source(1) pour plus de détails. Avec le plus ancien format « 1.0 », .diff.gz ne peut pas contenir de fichiers binaires, ce qui oblige à utiliser uuencode (ou une fonction similaire) pour les stocker, puis de les reconstruire lors de la compilation dans debian/rules (et les remettre à leur place).

6.7.9. Meilleures pratiques pour les paquets de débogage

Un paquet de débogage est un paquet dont le nom se termine par « -dbg », et qui contient des informations supplémentaires que gdb peut utiliser. Puisque les informations de débogage, comme les noms de fonction et de numéro de ligne, sont par défaut absentes des paquets binaires Debian, elles ne pourraient autrement pas être disponible lors de l'utilisation de gdb. Les paquets de débogage permettent aux utilisateurs qui le désirent d'ajouter ces informations de débogage supplémentaires, sans augmenter la taille d'un système normal avec ces informations.

C'est à la discrétion des responsables de paquet de créer ou non un paquet de débogage. Il est conseillé de créer des paquets de débogage pour les bibliothèques, puisque cela peut faciliter le débogage de nombreux programmes liés à ces bibliothèques. Normalement, les paquets de débogage n'ont pas besoin d'être ajoutés systématiquement, sinon la taille de l'archive augmenterait considérablement. En revanche, si un responsable estime que des utilisateurs peuvent avoir souvent besoin d'une version de débogage de son programme, il peut être judicieux de fournir un paquet de débogage. Les programmes faisant partie des applications principales de l'infrastructure, comme Apache ou le serveur X, sont également de bon candidats pour les paquets de débogage.

Certains paquets de débogage peuvent contenir une compilation spécifique de débogage complète d'une bibliothèque ou d'un autre programme, mais la plupart peuvent préserver de la place et du temps de compilation en contenant plutôt séparément les symboles de débogage que gdb peut trouver et charger à la volée lors du débogage d'un programme ou d'une bibliothèque. Par convention dans Debian, ces symboles sont gardés dans /usr/lib/debug/chemin, où chemin est l'arborescence vers l'exécutable ou la bibliothèque. Par exemple, les symboles de débogage pour /usr/bin/truc sont dans /usr/lib/debug/usr/bin/truc, et les symboles de débogage pour /usr/lib/libtruc.so.1 sont dans /usr/lib/debug/usr/lib/libtruc.so.1.

Les symboles de débogage peuvent être extraits d'un fichier objet à l'aide de objcopy --only-keep-debug. Ensuite les informations de débogage peuvent être supprimées du fichier objet, et objcopy --add-gnu-debuglink peut être utilisé pour préciser le chemin vers le fichier contenant les symboles de débogage. objcopy(1) explique en détail le fonctionnement.

La commande dh_strip de debhelper permet de créer les paquets de débogage, et prend soin d'utiliser objcopy pour séparer les symboles de débogage à votre place. Si le paquet utilise debhelper, il suffit d'appeler dh_strip --dbg-package=libtruc-dbg, et d'ajouter une entrée à debian/control pour le paquet de débogage.

Remarquez que le paquet de débogage devrait dépendre du paquet dont il fournit les symboles de débogage, et que cette dépendance devrait être spécifique à la version. Par exemple

Depends: libtruc (= ${binary:Version})


[5] Il est impossible d'empêcher les auteurs amont de modifier l'archive qu'ils distribuent sans également incrémenter le numéro de version. Il est donc impossible de garantir qu'une archive originelle est identique à ce que l'auteur amont distribue à un instant donné. Tout ce qu'il est possible de garantir est qu'elle a été identique à ce que l'auteur amont a distribué à un moment donné. Si une différence apparaît plus tard (par exemple si l'auteur amont découvre ne pas avoir utilisé la compression maximale dans sa distribution d'origine et la recompresse, c'est tout simplement dommage. Comme il n'existe pas de méthode adaptée pour envoyer un nouveau fichier .orig.tar.{gz,bz2,lzma} pour la même version, il est même totalement inutile de traiter cette situation comme un bogue.

[6] Avec pour exception particulière, si l'omission de fichiers non libres provoque une erreur de compilation sans l'aide du fichier de modification Debian, de pouvoir modifier les fichiers pour enlever les portions non libres, ou d'expliquer la situation dans un fichier README.source à la racine de l'arbre des sources. Veuillez dans ce cas solliciter l'auteur amont de rendre les portions non libres facile à séparer du reste des sources.